Tous les commentaires de Victor M.
Posté le : 27 mars 2016
Un must... ou pas !
Au panthéon de ces groupes qui ont marqué le milieu “thrash metal† au cours de la seconde moitié de la décennie 80 et posé de précieux jalons pour le death Á venir, Slayer apparaît comme une incontestable figure de proue, aux côtés de pionniers que sont Possessed, Coroner, Death et bien d'autres. De ces groupes émane une quantité d'albums aux atmosphères diverses, caractérisés le plus souvent alors par une production brute, faisant la part belle Á la violence des compositions, attitude paradoxale pour l'auditeur contemporain biberonné au tout numérique.
Dans ce paysage aux allures de no man's land, marqué par une défiance envers le politique et l'absurdité des guerres modernes, South Of Heaven est une exception. Culte pour certains, passable pour d’autres, le quatrième album des californiens est bien loin de susciter le consensus. Et pour cause : l'auditeur peine Á trouver son équilibre, chancelant entre l'excellence des compositions et la faiblesse de la production. Aux commandes de cette dernière, un génie controversé dénommé Rick Rubin. Est-ce Á lui que les fans de la première heure doivent jeter la pierre, lorsqu'au terme d'une première écoute, il leur faut déplorer bien malgré eux la confuse orchestration d'une batterie aux embardées d'une violence inouïe, que délaissent cependant honteusement un duo de guitares compressées jusqu'Á l'abus, ainsi qu'une basse tout juste audible, et encore ? C'est sans doute Á ce prix que l'auditeur se prend d'émoi et de compassion pour la plainte tendue de Tom Araya, qui, lui, heureusement, investit sang et boyaux dans ce suant effort.
En guise de voyage Á travers un occident en ruines, Slayer vous offre un circuit touristique Á la limite du superficiel, un peu bref, balisé par quelques rares titres d'une fougue inédite. Indispensable pour tout studieux fan de thrash, sans grand intérêt pour les autres.
Posté le : 27 mars 2016
Tout est déjÁ lÁ ou presque !
Bizarre expérience qu'aller Á la découverte d'un album d'Alice In Chains, et plus bizarre encore celle de décrire cette même expérience Á l'aide d'un langage conventionnel.
Couramment rattaché Á l'excentrique bataillon « grunge », le quatuor se fond naturellement dans la troupe bigarrée de Seattle, cirque le plus branché du monde Á l'aube des années 90, et s'en démarque Á la fois nettement : au milieu des révoltés pubescents de Nirvana et des gitans gommeux de Pearl Jam, Layne Staley, Jerry Cantrell et leurs pièces rapportées passeraient presque pour des beatniks, dévoués Á un mysticisme sublimé par l'héroïne et les vieilles fripes.
Nulle raison de s'étonner alors de l'hermétisme de leur premier album, le clownesque Facelift, étrange carnaval où l'auditeur endure successivement les colères ivres d'un hard rock huileux et les langoureux tourments de ballades pesantes. L'album s'ouvre en un bastringue endiablé, Layne Staley rugissant au dessus d'un mur de guitares précises et tranchantes des refrains d'une efficacité incendiaire. Mais c'est principalement dans les pistes 5, 6, 7 et 8 que le groupe distille l'esprit que recevront en héritage les albums Dirt et Tripod. La frappe concise et primitive du non moins primitif Sean Kinney alentit la marche, tout Á coup ramassée sous des harmonies dissonantes et tendues. Prise au piège dans une saisissante assimilation en musique de l'expérience toxicomane, la voix de Staley s'insurge et se résigne, dans toute son impudique candeur. Les guitares, aérées et puissantes, nous rappellent la fraîcheur et la spontanéité d'un glam metal que l'on croyait mort et enterré. Le dernier tiers de l'album lorgne sur un autre style, où le groupe se révèle bien moins Á l'aise : dans une maladroite fusion de funk et de hard rock, toute la tension établie dans les morceaux précédents se trouve soudain dissoute, et l'auditeur croit se réveiller pantois au milieu d'un défilé de masques burlesques et de costumes bigarrés.
Vite oubliés, les derniers morceaux de l'album peuvent être regardés comme des cas isolés dans la discographie du groupe. Facelift trouve en effet naturellement sa place de digne précurseur dans le mythe morbide et grandiose d'Alice In Chains : il porte en germes l'identité dont les albums suivants restent de vibrants témoignages, Á tant d'égards imputables au regretté Layne Staley.
Posté le : 26 mars 2016
L'habit ne fait pas le moine
Et bien en l'occurrence, le moine a troqué sa robe de bure contre un ensemble en dentelle, et ses bonnes mœurs contre des penchants satyriasiques... Au vu de sa pochette, le mélomane de bon goût aura tôt fait de reléguer cet album Á une certaine vague hair metal, forte de son succès au cours de la décennie 80, aujourd'hui vouée aux cruelles gémonies de la ringardise... Mais prenez garde ! Aussitôt mis au banc d'essai, le contenu musical de Love You To Pieces éclipse les choix discutables de la direction artistique. Dès l'intro, le groupe nous assoit aux premières loges d'un rituel bien connu. La basse, chargée en médiums et forte dans le mix, appuyée par une batterie qui en a dans le ventre et pas qu'un peu, entourée par des guitares d'une virtuosité juste et martiale, ne trompe pas : Lizzy Borden ne cache pas son admiration pour le Bristish Heavy Metal d'Iron Maiden, qu'il interprète cependant avec une fraîcheur californienne qui n'est pas sans rappeler le glam d'outre-Atlantique. La voix de Borden, plus franche dans l'attitude que celle d'un Dickinson, et l'harmonie parfois taillée Á des dimensions FM, évoquent un sémillant lupanar aux antipodes du monolithe Maiden. Et c'est tant mieux, car loin de confiner Á l' "easy listening music", le heavy metal de Lizzy Borden étonne d'abord par le caractère épique et maîtrisé de ses chansons. Une bonne surprise !
Posté le : 18 janv. 2016
Poétique
Dernier album de Yearning, et destiné Á le rester du fait du décès de son géniteur Juhani Palomäki, Merging Into Landscapes achève une œuvre peu commune avec dignité. Et même un peu plus... La production, moderne et léchée, donne corps Á un paysage sonore riche et varié : si l'album dans son entier est très homogène, les compositions cependant varient les ambiances, alternant murs de guitares doom tonnantes et compressées, montées quasi néoclassiques et atmosphères plus aérées et recueillies... L'harmonie, parfois audacieuse, toujours très juste, tient le cap de bout en bout, et emmène son auditeur Á travers un voyage d'un onirisme rarement entendu dans la musique metal. Il y a lÁ donc une écriture prog sur laquelle les chroniqueurs trop rarement insistent. La voix de Palomäki, plus encore que dans les albums précédents, jaillit caressante, tragique, et, décidément, émouvante.
Posté le : 18 janv. 2016
Un must doom/death
Dissonant, varié, d'une violence primitive, parfois planant, cet album fait cependant montre d'une cohérence inédite : chef d’œuvre, que tout amateur de death européen et de doom se doit de posséder ! Le DVD inclus dans l'édition spéciale est, lui, fort dispensable : la qualité du live est mauvaise et les morceaux de l'album sont repris dans une tonalité autre. N'ajoute aucune plus-value Á un album déjÁ grandiose !